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Cuisiner des recettes locales à bord

Published : 20 August 2025

À bord, bien manger n’est pas un luxe, c’est une stratégie de navigation. Et si les plaisanciers du Pacific Puddle Jump faisaient escale aussi dans les traditions culinaires polynésiennes. La cuisine devient alors un véritable trait d’union avec les habitants du Fenua.

Vent debout ou mer d’huile, ventre plein tient bien la quille. » L’adage pourrait faire sourire, mais en mer, l’alimentation est une affaire sérieuse. Elle conditionne autant l’énergie physique que l’équilibre moral de l’équipage. Un bon repas, même simple, devient une escale précieuse dans le quotidien d’un bateau en route vers la Polynésie française.

Naviguer fatigue. Même si l’on est assis, même si l’on dérive tranquillement au portant, le corps compense en permanence les mouvements du bateau. Le soleil brûle des calories, l’humidité use, et les quarts de nuit grignotent la vigilance. Bien manger, c’est rester lucide, hydraté, alerte. Et surtout… soudé. Car cuisiner et partager, même dans une cambuse exiguë, entretient le lien entre coéquipiers. Une cocotte fumante peut désamorcer bien des tensions.

Cuisiner du poisson à bord est non seulement un vrai plaisir en mer – surtout s’il vient d’être pêché –, mais aussi un moyen excellent de manger frais, sain et savoureux. Dès qu’il est pêché, il faut le vider et le rincer à l’eau de mer.

Sur le plan pratique, cuisiner à bord implique de faire simple, efficace et adaptable dans un espace limité, avec un équipement restreint et un bateau en mouvement.Choisissez des recettes simples et rapides privilégiant des préparations avec peu d’étapes, peu d’ingrédients et un minimum de vaisselle : poisson en papillote avec des légumes en boîte, poisson cru ou poisson grillé à la poêle au mouillage.

Le fameux fāfaru

En Polynésie française, il existe un plat emblématique, le poisson cru à la tahitienne. Facile à préparer, léger et nourrissant, il peut même devenir le déclencheur d’un moment d’échange avec les habitants lors d’une escale au mouillage. Une manière directe et chaleureuse de créer du lien autour d’un couteau, d’un citron vert, et d’un savoir-faire Le poisson est ici une institution : cru, cuit, mariné, grillé, en brochette ou en sashimi, il se décline dans toutes les variations. Les assaisonnements, eux, font voyager : vanille, citron, gingembre, curry, lait de coco… À cela s’ajoutent des trésors gustatifs plus inattendus, comme le fāfaru, une spécialité locale surprenante à base de poisson fermenté dans de l’eau de mer et des têtes de crevettes de rivière. L’odeur est redoutable, la saveur, complexe et addictive pour les palais initiés.

Pour réussir un poisson cru à la tahitienne, Maeva Shelton, cuisinière réputée et autrice de livres de recettes, recommande pour six personnes, les ingrédients suivants : 500 g de thon (rouge ou blanc), 4 citrons verts, 1 tomate, 1 carotte, un demi-concombre, 1 petit oignon, 1 poignée de persil haché et le lait d’un coco râpé.

Uru grillé

Découpez d’abord l’oignon finement dans un grand saladier puis ajoutez le poisson et la tomate coupés en petits dés. Râpez la carotte et tranchez le concombre en demi-rondelles sans peau ni pépins. Gardez le saladier au frais si besoin.

Dix minutes avant de servir, versez le jus des citrons dans la préparation et mélangez bien. Laissez reposer quelques minutes, en remuant de temps en temps afin que le poisson devienne blanchâtre. On dit qu’il « cuit ». Ajoutez le lait du coco au dernier moment. Décorez avec le persil et servez immédiatement avec du riz.

Autre recette typique du Fenua, le ‘uru ou fruit de l’arbre à pain, cuit entier à la braise, dans sa peau. Une fois noircie, celle-ci s’enlève facilement à l’aide une cuillère à soupe, révélant une chair moelleuse et nourrissante. Au mouillage ou sur un barbecue suspendu à l’arrière du bateau, cest l’occasion parfaite de faire goûter à léquipage un morceau de culture locale… avec les doigts.

En apprenant à préparer un plat local, on découvre des produits, des gestes, une sensibilité. On se rend disponible à lautre. Alors que le Pacific Puddle Jump unit les marins sur locéan, la cuisine polynésienne leur tend une table sur la terre. Et parfois, il suffit dun filet de citron sur un poisson cru pour que laventure devienne rencontre.

Lexique culinaire

‘Ā’ahi : thon

Ahimaa : four traditionnel tahitien

Faraoa : pain

Ma’a : nourriture

Ma’a hotu : fruit

Mei’a : banane

Painapo : ananas

Poe : plat fait avec des fruits ou des tubercules malaxés, mélangés à de lamidon et cuits au four

Pota : chou

Pua’a rōtī : porc cuit et fumé au four

Tāmāa : à table

Tāmā’a maitai : bon appétit

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01 – © Tahiti Tourisme

02 – © Vincent Lyky/Tahiti Tourisme

03 – © Tiphaine Isselé

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